La RSE et le Développement Durable ne sont pas un sujet à part. Au contraire, les questions de durabilité sont appelées à irriguer toute l’entreprise d’une manière transversale. Deux études de février 2024 nous le confirment, et pointent les changements en cours et à venir.
Etude 1 : les DRH et la CSRD[1]
L’étude « 2024, cap sur la CSRD » menée par Deloitte en partenariat avec l’ORSE et l’ANDRH, s’intéresse à la maturité de la fonction RH pour appliquer les nouvelles normes de reporting CSRD. En résumé, la maturité est encore faible malgré une prise de conscience (récente) des enjeux.
Cette enquête, dont les résultats ont fait l’objet d’un webinar met en évidence quelques points saillants :
Les échanges lors du webinar de restitution ont mis en évidence la nécessité d’intégrer les élus et syndicats dans la démarche. D’une manière générale, les intervenants s’accordent pour souligner l’effet intégrateur que pourra avoir la mise en place de la CSRD sur l’organisation, et le rôle privilégié des RH pour insuffler et accompagner les changements. Reste à passer de la parole aux actes !...
Etude 2 : La mobilisation écologique des salariés[2]
Cette étude sociologique du projet ECOTAF, en partenariat avec l’ADEME, l’ORSE, le C3D, A4MT et EPE avait initialement pour ambition d’explorer les dispositifs de mobilisation des salariés qui se sont déployés dans les entreprises, dans le sillage de la Fresque du Climat : ateliers participatifs animés selon les méthodes d’intelligence collective ou sous forme de jeu, pour prendre conscience des enjeux de durabilité et des leviers d’action (ex : Atelier 2tonnes, Les Collectifs…)
L’intérêt de l’étude est avant tout de dresser une cartographie assez fine de ces dispositifs : objectifs et cibles, modes d’organisation et déploiement, modèles économiques…
Secondairement, l’étude s’est attachée à évaluer l’impact de ces dispositifs sur les salariés. Ces derniers sont très hétérogènes dans leur niveau de sensibilisation initiale. Certains sont moteurs ou ambassadeurs, ou peuvent le devenir : la dynamique de groupe de ces dispositifs est un puissant levier. Mais les salariés peuvent aussi se démobiliser ou se décourager si ces ateliers restent déconnectés de leur possibilité d’action réelle dans l’exercice de leur métier.
En effet, là est l’enjeu réel : en quoi cela va-t-il modifier le travail de la production, mais aussi des achats, des RH, de la Finance, de la DSI ? Ces ateliers ont pour objectif de sensibiliser et d’embarquer les salariés dans la nécessaire adaptation et transition écologique. Ils ne doivent pas avoir un simple rôle « cosmétique » pour se donner bonne conscience, sans s’interroger sur le modèle d’affaires. Cette question n’était pas à l’ordre du jour de ce premier volet de recherche (un deuxième est en préparation, plus applicatif), mais a fait l’objet de nombreux commentaires de la part des participants au webinar de restitution : « et quand on sort de l’atelier, on fait quoi ? ».
Malgré toutes ces questions en suspens, il apparaît clairement que le Développement Durable n’est plus cantonné au discours de quelques acteurs militants ou communicants. Sous la pression de l’urgence climatique, des menaces qui pèsent sur la pérennité de leur modèle, et des exigences réglementaires, les entreprises doivent évoluer et embarquer leurs équipes d’une manière globale et transversale.
L’équation est complexe, car elle s’insère dans un modèle de société et de consommation auquel il est difficile de renoncer. Elle nécessite une montée en compétences de tous les acteurs, et des investissements conséquents.
[1] Enquête sur la CSRD et la fonction RH
Webinar de restitution
[2] Enquête sur la mobilisation écologique des salariés
https://www.youtube.com/watch?v=r9t9tlpytMQ